Le site Coach On Line en chargement

Poser-ses-limites.jpg

17 novembre 2017 Non classé0

L’interview avec coach Malgorzata Saadani pour Le Matin:

https://lematin.ma/journal/2017/poser-ses-limites-sans-blesser-ses-collegues-c-rsquo-est-possible-nbsp-/281792.html

Poser ses limites demeure une démarche importante qui permet d’entretenir des relations saines et durables. Qu’en pensez-vous ?

Poser ses limites relève tout d’abord de l’auto conscience et de la préservation du bien être personnel. En évoquant l’auto-conscience, je pense à la réponse individuelle aux questions : quelles sont mes valeurs ? Quelles sont mes zones de souplesse et de négociation ? Quelles sont les choses inacceptables (les lignes rouges à ne pas dépasser) ? Qu’est-ce qui me met immédiatement et systématiquement hors de moi ? Rares sont les personnes capables de faire ce tri dans leurs idées et d’y répondre avec précision. C’est avec du recul et l’analyse des situations du passé que nous prenons conscience des lignes rouges à respecter dans l’avenir.

Mais être conscient n’est qu’une première étape. La plus importante est celle de l’application concrète du respect de ces limites : communiquer clairement ses attentes, savoir refuser l’inacceptable et si nécessaire, argumenter.

Comment poser ses limites sans blesser ses collègues ?

Poser ses limites, c’est aussi les communiquer à ceux qui sont censés les respecter : le plus tôt sera le mieux, avant qu’ils ne s’habituent à des comportements qui nous mettent mal à l’aise. C’est aussi une question de forme : courtoise, factuelle, justifiée. En revanche, plus on va tarder, plus il y aura des non-dits et des frustrations, et plus nous aurons de chances pour nous trouver émotionnellement dos au mur et littéralement exploser au pire moment possible.

Toutefois, parfois il est préférable de ne pas recadrer immédiatement, attendre le moment où notre interlocuteur sera plus réceptif/attentif, souvent nous-même avons besoin de refroidir pour adopter le ton adéquat.

Dans tous les cas, il nous faudra trouver les mots justes et les bases de compréhension communes (p.ex. nous sommes d’accord sur le principe du respect réciproque, sur la franchise de notre relation).

Enfin, il faut se rappeler que poser nos limites donne aussi le droit à l’autre personne d’en faire autant et de nous les communiquer.

Est-il toujours évident de poser ses limites face à un manager toxique et très exigeant ?

Certainement non. Car en plus des enjeux humains présents dans ce genre de situation, il y a peut-être aussi notre prime, notre promotion ou notre emploi qui sont en jeu. Finalement, poser une limite aux comportements indésirables de son supérieur hiérarchique relève d’un exercice hautement diplomatique.

Et puis, si l’on évoque la toxicité d’une personne, on peut penser non seulement à son exigence, voire l’intransigeance mais également aux tentatives du harcèlement moral ce qui serait beaucoup plus grave. Là, savoir poser une limite est la principale voie de l’autodéfense, dans le sens propre du terme.

Quelles sont les erreurs à éviter dans ce cas ?

La principale erreur à éviter est à mon avis d’avoir peur de s’affirmer. Bien sûr, il ne s’agit en aucun cas de faire des actes de révolte irraisonnables ou des échanges verbaux bruts et blessants. Mais les deux extrêmes, à savoir la soumission totale ou l’hyper réactivité sont à éviter.

Une autre erreur serait donc d’être excessivement rigide et ne pas tenir compte des contextes relationnels : même si une personne transgresse les limites que nous avons fixées, ce n’est pas toujours très grave. Si ce n’est pas répétitif ou motivé par la mauvaise foi évidente, il faut à mon avis être aussi humainement tolérant : chacun d’entre nous peut avoir une mauvaise journée ou une période difficile dans sa vie et réagir d’une manière inhabituelle.

Le plus important, c’est d’être au clair avec ses propres principes et observer attentivement son environnement. Recadrer sans agressivité une relation si elle dépasse les limites et garder une communication courtoise en toute situation.


Cohesion-dequipe.jpg

7 novembre 2017 Non classé0

L’interview avec coach Malgorzata Saadani pour “Le Matin”:

Comment définir l’individualiste dans un contexte professionnel?

Pour bien saisir la problématique, je vous propose de nous référer tout d’abord aux origines conceptuels qui définissent un tel profil et qui sont en même temps philosophiques, sociales, politiques et morales. Ainsi, l’individualisme est une vision du monde où l’intérêt est accordé en priorité ou même à l’exclusivité à l’individu et à la satisfaction de ses besoins particuliers, devant tout intérêt collectif et sans tenir compte des opinions et des droits des autres personnes. La communauté est alors perçu comme un poids inutile contraignant l’individu aux concessions et à l’abandon de sa liberté absolue d’agir selon sa seule volonté.

Vu sous cet angle, l’individualisme na passe pas bien en entreprise puisque par définition celle-ci est un lieu de travail commun et nécessite une collaboration harmonieuse de tous les membres de l’équipe afin d’atteindre les objectifs de l’ensemble et un certain niveau de satisfaction de chacun. Un individualiste aura du mal à s’intégrer dans le groupe, cherchera à soumettre son entourage à viser ses propres objectifs personnels, manquera d’empathie et d’ouverture d’esprit, sera maladroit en négociation.

Dans ses formes les plus poussées, l’individualisme rime aussi avec l’égoïsme (voire l’égocentrisme) et l’incivisme, ce qui rend pénible le côtoiement d’une telle personne en famille ou en société.

Certains experts indiquent que l’individualisme est à l’origine de plusieurs risques psychosociaux. Êtes-vous du même avis?

Effectivement, lorsque nous sommes en face d’un individualiste avéré, nous sommes en situation d’inconfort relationnel et des difficultés objectives pour coopérer. D’où le risque majeur du stress qui est une combinaison des émotions désagréables et qui s’inscrit parfois dans la durée (le stress chronique), parfois par crises (le stress aiguë), et parfois les deux combinés.

Si l’individualiste de notre entourage présente en plus les traits sociopathes, ses collègues, collaborateurs ou patrons peuvent également être exposés au risque du harcèlement moral. Grâce aux recherches sociologiques et à la médiatisation des cas, ce dernier commence à être mieux identifié par le grand public en tant que pathologie relationnelle, mais toujours pas assez pour le reconnaître suffisamment tôt et pour y faire face d’une manière structurée et rationnelle.

Comment faire face à ce phénomène?

Le premier pas c’est d’être conscient de la vraie source du problème : identifier des comportements concrets, dans des situations concrètes, chez des personnes concrètes. Parce qu’en parler en général, en théorie et sensibiliser l’ensemble des collaborateurs sans se référer aux faits précis – ne sert à rien.

Tout en sachant que la mission principale de l’entreprise n’est pas d’éduquer les personnes adultes, on peut tout de même leur favoriser une meilleure intégration par les activités classiques : les teambuildings, les formations en compétences personnelles et les coachings d’équipe et individuels.

En outre d’éduquer en tache de fond et de recadrer les comportements indésirables, l’entreprise peut aussi agir en amont, notamment lors des recrutements, en retenant les candidats qui ne présentent pas de faiblesses relationnelles exacerbées.

A l’ère du digital, le phénomène de l’individualisme se renforce encore davantage : les liens présentiels se distendent et apparaît une vraie difficulté de se positionner au sein d’un groupe et communiquer constructivement sur les différends.

A ce facteur digital s’ajoutent aussi les erreurs des parents en matière d’éducation des enfants à la vie en société civilisée, soit par l’abandon des efforts dans ce sens, soit par l’encouragement du phénomène des « enfants-rois » à qui on apprend que tout leur est dû, qu’ils sont au-dessus des autres et que tout le monde doit se plier à leur volonté. Ces enfants grandissent et deviennent des adultes fortement individualistes. Nous sommes alors non seulement face à l’individualisme, mais frôlons l’incivisme généralisé dont nous pouvons constater les dégâts dans notre vie quotidienne.


Copyright Coach On Line 2017.