L’éthique professionnelle, une responsabilité partagée

L’interview avec coach Malgorzata Saadani pour Le Matin:
https://lematin.ma/journal/2018/lethique-professionnelle-responsabilite-partagee/287520.html
Parlez-nous de cette notion d’éthique au travail…
Il existe des métiers où l’éthique est présente d’une manière formelle sous forme du code déontologique et même soumise à la législation, p.ex. dans le domaine médical, juridique, bancaire ou journalistique. D’une manière générale, toute entreprise est concernée par l’éthique dans l’exercice de ses activités, notamment en ce qui concerne le respect des droits des employés et l’honnêteté commerciale. Le niveau éthique supérieur, c’est la nature même du business choisi et l’ancrage aux valeurs universelles en matière du développement durable où l’intérêt de la croissance équilibrée et juste prime même sur les objectifs chiffrés à court terme. Évidemment, cela n’exclue pas la performance des bénéfices qui sont la raison d’être originelle d’une entreprise dans le sens économique.
Aussi, dans le contexte actuel mondial turbulent, il y a des valeurs éthiques relevant des droits de l’Homme qu’il faut parfois rappeler : le refus de tout type de discrimination (en relation avec le genre, la race, l’origine sociale ou l’âge), de l’esclavage ou du travail des mineurs.
Quelles sont les règles éthiques qui engagent le collaborateur vis-à-vis de son entreprise ?
Justement, une fois les devoirs de l’entreprise bien détaillées, il est très pertinent de s’intéresser également aux devoirs éthiques de la part des employés : en d’autres termes, quels sont leurs engagements à caractère moral envers l’entreprise. Il y en a qui peuvent être inscrits dans le contrat de travail comme p.ex. la discipline du travail, la clause de confidentialité ou de la non concurrence. Et il y en a d’autres qui peuvent résulter de la culture d’entreprise ou de sa charte des valeurs. Pour un diplomate, ça sera la règle de politesse en toute circonstance, l’obédience au protocole et la représentation honorable de son pays conformément à la ligne de sa politique étrangère définie, autant dans les comportements que dans les contenus.
L’enfreindre est-il passible de sanctions légales ou disciplinaires ?
Cela dépend de la nature des actes et du milieu professionnel. La pratique démontre que la violation de l’éthique peut être sanctionnée si la déontologie est explicite et éventuellement soumise à une loi venant du système juridique général en vigueur dans le pays. A titre d’exemple, un acte d’agression physique ou un faux en écriture sont passibles des sanctions pénales. De même, les transgressions en matière du secret professionnel relatives aux données sensibles (personnelles ou stratégiques).
En ce qui concerne les mesures disciplinaires en interne, elles doivent être bien sûr conformes au Code du Travail : avoir la forme exigée et obéir à des procédures d’application prévues. Pour encore plus de transparence, les entreprises établissent les règlements internes qui définissent les situations, les sanctions et les recours en cas du non respect des règles.
Dans l’autre sens, quelle éthique pour l’entreprise envers ses collaborateurs ?
Je pense que les engagements éthiques de l’entreprise envers ses salariés sont avant tout de nature organisationnelle et à ce titre beaucoup mieux connus et encadrées par la loi : la conformité des conditions de travail et des rémunérations avec les contrats conclus, la veille sur le climat social en interne, l’équité des chances pour l’évolution de carrière etc. Malheureusement, la course aux résultats chiffrés doublée des charges sociales importantes mènent souvent au non respect de ces droits basiques, d’où la nécessité de les rappeler et de contrôler leur application dans la pratique.
Vos conseils
Je pense que l’un des outils les plus efficaces dont dispose l’entreprise pour une meilleure compréhension et intégration de l’éthique professionnelle, est une charte des valeurs bien conçue. De concours avec le règlement interne, elle facilite la transparence en matière des droits et des devoirs de chacun et sert du point de repère pour l’évaluation des comportements et la prise des décisions parfois délicates.