Ne pas confondre autorité et autoritarisme!
https://lematin.ma/journal/2017/ne-pas-confondre-autorite-et-autoritarisme-/278445.html
L’interview avec coach Malgorzata Saadani pour Le Matin:
Expliquez-nous comment s’applique l’autorité en tant que technique d’influence sociale ?
L’influence par l’effet de l’autorité est répertoriée en tant qu’une technique parmi les six principales catégories d’impact classées par le sociologue américain Robert Cialdini. Évidemment, il s’agit de l’autorité autant formelle et affichée que celle tacite et subliminale. D’ailleurs c’est cette deuxième qui est beaucoup plus subtile et aussi plus intéressante à observer et à appliquer parce qu’elle est révélatrice du potentiel d’influence (voire de manipulation) et du charisme chez la personne.
Ainsi, l’autorité est reflétée par l’allure : la posture, la démarche, la position et la distance dans l’espace, la gestuelle, le toucher, le vocabulaire utilisé et l’expression vocale, la tenue vestimentaire, l’entourage humain (l’effet de chef des troupes), les signes extérieurs du statut et du pouvoir etc.
L’autorité « multicanaux » bien conçue témoigne aussi de la compétence des conseillers en communication travaillant pour ceux pour qui exercer l’influence sur les gens est un besoin professionnel : les dirigeants d’entreprises, les politiciens, les chefs de groupes.
L’autorité fait partie intégrante des relations en milieu professionnel. Comment un manager peut-il asseoir son autorité sans verser dans l’autoritarisme ?
Pour commencer, en restant soi-même : humain et authentique, pleinement assumé. Et surtout en basant ses relations avec les collaborateurs sur le respect mutuel et les règles de conduite claires et précises. Le plus important sera ensuite de veiller à l’observation de ces règles et de recadrer si nécessaire.
Le bon dosage de l’autorité est aussi une question de caractère individuel et dépend du milieu professionnel ou l’on exerce et des profils des collaborateurs.
Enfin, il y a les contextes particuliers où le dosage final de l’autorité sera employé, notamment certaines situations d’urgence demanderont peut-être au manager de réagir d’une manière plus stricte que la normale.
Comment réagir face aux collaborateurs qui ont du mal à se soumettre à l’autorité de leur hiérarchie ?
Une chose est sûre : lorsqu’un candidat souhaite être embauché, il doit savoir que ce contrat produira pour lui des relations d’interdépendance au sein de l’entreprise et la nécessité de respecter les règles internes, y compris les liens hiérarchiques. Pour un employé très indépendant voire rebelle cela signifie la nécessité de compromis dont il doit être conscient.
D’un autre côté, le recruteur doit repérer ce trait de caractère chez le candidat et évaluer sa capacité de s’intégrer dans la structure existante. Conformément aux compétences, la direction RH veillera à lui attribuer un poste adéquat et cherchera à adapter l’organisation de son travail au style personnel, notamment le degré d’autonomie, la nécessité de travailler en équipe, le reporting régulier. Pour mieux l’encadrer, les règles de conduite lui seront communiquées explicitement, y compris les conséquences au cas de leur non-respect.
Avant de se soucier d’une insubordination éventuelle, l’entreprise doit aussi bien choisir les profils de ses managers : leur posture, leur charisme et leur parcours professionnel. Ce sont les compétences parfois innées, mais qui doivent être cultivées en permanence grâce à l’effort personnel. Elles peuvent être aussi travaillées d’une manière consciente et technique, souvent avec l’accompagnement d’un coach.
Comme dans chaque relation interpersonnelle, il faut voir la situation dans son contexte et analyser les positions des deux parties. De par mon expérience, je peux affirmer que le plus souvent le non-respect de l’autorité relève d’une incompatibilité des tempéraments, les divergeances sur les valeurs et les défauts de la communication.
Il faut se rappeler aussi qu’au travail on rencontre tout profile de personnes, on n’est pas obligé d’aimer tout le monde. Il suffit d’être professionnel et courtois pour préserver les relations correctes et se concentrer sur les objectifs communs à atteindre. Et ce n’est pas une question des susceptibilités personnelles, mais plutôt du bon sens.