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Le syndrome du sauveur, un frein à la performance en entreprise

19 septembre 20170Non classé

Le syndrome du sauveur, un frein à la performance en entreprise

19 septembre 2017 0
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L’interview avec coach Malgorzata Saadani, réalisée pour Le Matin:

https://lematin.ma/journal/2017/le-syndrome-du-sauveur-un-frein-a-la-performance-en-entreprise/278245.html

Comment définir le syndrome du sauveur? Quel est son impact sur la vie professionnelle?

Le syndrome du sauveur est un ensemble des réactions et des comportements qui placent la volonté d’apporter de l’aide et être constamment au service des autres en tant que nécessité personnelle, au-delà de toute autre considération. Bien sûr, être disponible et serviable est une grande qualité humaine à condition que cela ne prenne pas les proportions pathologiques et ne s’avère finalement nocif pour le sauveur et aussi pour les bénéficiaires de cette aide et pour ses victimes collatérales.

En entreprise, le risque le plus évident pour un tel profil c’est de délaisser son propre travail pour se rendre utile en effectuant celui des collègues. C’est aussi une porte ouverte vers les problèmes dans la gestion du temps, les abus de gentillesse et la répartition inéquitable de la charge du travail.

Ensuite, il faut penser aussi aux risques relationnels : il existe des personnes qui n’aiment pas être assistées (voire épiées) et qui éviteront « le sauveur » à titre purement personnel.

Enfin, les études des comportements humains ont démontré que chez certains gens l’aide prodiguée (qu’on la sollicite ou non) ne produit pas la réaction de reconnaissance et de sympathie, mais plutôt une frustration et l’ingratitude, en provoquant ce que nous appellerons la haine de la dette (affective ou matérielle).

Quelles sont généralement les motivations de ce syndrome?

Un sauveur a un besoin profond et irrépressible de se sentir utile, apprécié, d’avoir bonne conscience et aussi d’obtenir en retour la reconnaissance de ses efforts et même la célébrité pour ce qu’il a accompli. Cette gratitude pourra être verbale, publique, écrite, symbolique ou de toute autre nature.

Parfois ces motivations sont plus complexes : quelqu’un qui n’obtient pas la reconnaissance dans sa vie personnelle cherche à compenser ce manque dans le travail, et vice versa. D’ailleurs, la reconnaissance chez les inconnus est toujours plus facile à obtenir qu’auprès des proches avec qui il y a un historique relationnel parfois compliqué. Je pense qu’en analysant les comportements d’un sauveur il est très édifiant de s’intéresser à ces deux volets de sa vie pour avoir une image plus complète.

Certains avancent que les personnes atteintes de ce syndrome cherchent plutôt à répondre à un besoin de reconnaissance. Êtes-vous du même avis?

En partie c’est certainement vrai, mais je pense qu’il faut nuancer cette affirmation et laisser l’évaluation psychologique individuelle apporter ses conclusions.

De plus, il faut bien se rappeler que notre société de communication actuelle encourage ce type de comportements et que toute bonne action est souvent rendue publique pour gagner en notoriété et en validité. Résultat : ceux qui font du bien discrètement sont de plus en plus rares, pendant que les gens aidés deviennent les faire-valoir de leurs bienfaiteurs.

Comment se libérer de ce besoin maladif d’aider les autres, notamment en entreprise?

Tout est une question des proportions et des contextes, en particulier dans le monde du travail. Je tiens à souligner que proposer son aide à un collègue en difficulté est une réaction tout à fait saine et humaine. C’est dans l’exagération que nous pouvons parler des comportements pathologiques. Si tel est le cas, et si la personne concernée en est consciente et veut changer ça, elle peut commencer par apporter plus d’attention et de rigueur à son propre travail : se concentrer sur ses priorités, approfondir les recherches, affiner les rendus. Pour ne pas être trop frustrée, elle peut se réserver quelques plages de temps libre pendant lesquelles elle communiquera avec les collègues et les aidera si nécessaire. Et surtout, il faut savoir que c’est très gentil de donner des bons conseils, mais c’est encore mieux de s’assurer que les autres en veulent !


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