http://lematin.ma/journal/2017/boostez-la-performance-de-vos-equipes-grace-a-la-methode-thomas-international-/269292.html
Pourriez-vous nous expliquer l’apport de la méthode des 6 chapeaux de Bono en management des équipes?
La méthode des 6 chapeaux inspirée par le concept de la maïeutique de Socrate (l’art de poser des questions pour provoquer une prise de conscience), a été développée par Edward de Bono dans les années 1980, puis introduite et popularisée en management afin de permettre, p. ex. lors des séances de coaching, une nouvelle manière de réfléchir à des questions parfois complexes, en adoptant les modes de pensée dits « exclusifs » par rapport à un objectif ou une situation précise. Concrètement, le coach propose à son client de coiffer (dans le sens figuré et même dans le sens propre) à tour de rôle les chapeaux de 6 couleurs symbolisant les approches suivantes : le blanc évoquant uniquement des faits – les chiffres et les informations à l’état pur, neutres, sans aucune interprétation. Le chapeau rouge, quant à lui, rapporte les émotions, intuitions et pressentiments, sans avoir à se justifier ni à raisonner, c’est la subjectivité totale. En portant le chapeau noir du pessimiste, le coaché fait des objections et se concentre sur les dangers qui attendent la concrétisation de l’idée soumise à la réflexion, il dresse des scénari catastrophes. C’est la prudence, le jugement négatif, l’analyse des risques. Lorsqu’il porte le chapeau jaune de l’optimiste, il admet ses rêves et ses idées les plus candides. Il est insouciant et confiant, ses commentaires sont exclusivement constructifs et positifs. Le chapeau vert symbolisant la créativité invite à la recherche des solutions insolites et même impensables. Il est basé sur le regard non-conformiste, sort des sentiers battus et propose des idées neuves. C’est la fertilité de l’imagination, la profusion des initiatives sans limite aucune. Et enfin, le chapeau bleu d’organisateur canalise et résume les idées émergées des autres chapeaux.
Concrètement, comment le manager peut-il utiliser cette méthode pour adopter le mode de pensée exclusive de chaque collaborateur aux objectifs stratégiques de l’entreprise?
Cette manière d’aborder les problématiques peut se décliner en plusieurs variantes en entreprise : elle peut être adoptée en réflexion solitaire (voire à l’aide d’un coach pour plus de pertinence dans les questions auxiliaires), soit en règle régissant un brainstorming d’équipe. Ce brainstorming collectif peut lui aussi avoir deux variantes : soit on attribue les couleurs des chapeaux aux différents membres de l’équipe, soit c’est toute l’équipe qui se met à tour de rôle sous les couleurs déterminées. Quel que soit le choix de l’approche, une fois les arguments exposés, ils font de nouveau l’objet d’un débat général complémentaire, voire du recadrage s’ils ne respectent pas leur code couleur imposé.
Qu’en est-il de l’application de cette méthode au brainstorming dirigé en entreprise?
L’emploi de la méthode des 6 chapeaux en brainstorming est l’une des applications les plus évidentes et aussi les plus efficaces parce qu’elle présente les nombreux avantages par rapport au brainstorming classique où les idées sont évoquées « en vrac ». Elle permet notamment d’approfondir la recherche de solutions, donner la chance et la voix à chaque idée et de les structurer dès le départ par catégorie.
Quelles sont les limites de cette méthode, aussi bien pour le manager que pour les collaborateurs en entreprise?
Comme chaque méthode, celle-ci montre ses limites dans l’application pratique. Premièrement, elle nécessite le temps et la disponibilité et concentration soutenues des participants. C’est pour cette raison qu’elle est plus souvent employée lors des coachings individuels axés autour des objectifs complexes. D’ailleurs, même en brainstorming collectif elle concerne les grandes idées stratégiques en réflexion en amont et non pas les problématiques usuelles (sauf si elles sont répandues et lourdes en conséquences pour toute la structure).
La deuxième condition à remplir c’est la discipline des participants quant au respect stricte du code couleurs (ce qui n’est pas facile du tout!) et en même temps la capacité du manager à animer et encadrer la discussion ; en d’autres termes sa maîtrise de coiffer le chapeau bleu et parvenir à des conclusions constructives, précises et structurées.