La confrontation positive. Comment s’y prendre concrètement ?
Le terme « confrontation » porte déjà à lui tout seul une forte charge négative. Il nous fait penser immédiatement à une bataille frontale, à une dispute, au besoin de nous défendre. Bref, quelque chose de désagréable pour la plupart des gens. Pourtant, la confrontation pensée d’une manière positive a un grand avantage de clarifier les positions, provoquer le débat et aboutir sur des consensus voire sur les innovations – tout dépend de la manière dont cette confrontation sera abordée, organisée et gérée séance tenante. Et c’est précisément pendant l’échange que les choses peuvent soit avancer et donner à la confrontation le mérite d’être positive, soit dégénérer et se transformer en match de ping-pong à coup d’agressions verbales. A part les situations de conflit ou de reproches où la confrontation revêt un caractère plutôt personnel, la confrontation positive concerne surtout le débat contradictoire permettant de faire valoir ses idées et influer sur les décisions stratégiques de l’entreprise (brainstorming), ou encore lors de la période électorale quand les différents partis et candidats essaient de convaincre les électeurs de soutenir leurs programmes.
Quels moyens se donner pour se confronter positivement aux autres sans devenir désagréable et agressif ?
Quand il s’agit d’une question délicate, p.ex. arbitrer entre les dires des deux personnes sur les fautes professionnelles commises, il faut tout d’abord bien choisir le moment d’en parler : les parties doivent disposer du temps pour clarifier leurs positions respectives. Le bon moment c’est aussi celui où les belligérants ne sont pas sous le coup des émotions fortes comme p. ex. la colère.
Pour mieux parler et créer une ambiance propice au dialogue, il est conseillé d’aménager le lieu de la rencontre : placer les sièges sous un angle (jamais face-à-face), préférer la table ronde et basse plutôt que carrée et haute. Servir les boissons ou un repas symbolique rapproche aussi et diminue les tensions.
La confrontation positive repose sur quelques règles ? Pourriez-vous nous les présenter ?
En premier lieu, il faut commencer par s’y préparer soi-même : maîtriser ses émotions, penser aux arguments que nous comptons avancer, anticiper les réactions et les arguments de la partie adverse. Et surtout, garder son objectif bien en vue et ne pas se laisser déstabiliser pendant la discussion.
Être en confrontation positive nécessite également l’observation des règles de courtoisie et le respect du temps de parole alloué à chacun. Dans le domaine du non-verbal, il faut à tout prix éviter l’agression dans la sphère des gestes : pointer quelqu’un du doigt, fixer du regard provocateur, détourner le visage en signe du dédain, hausser le ton.
Le plus important pendant la confrontation, c’est de parler des faits (qui sont les éléments objectifs, inchangeables et neutres en charge émotionnelle) et d’exprimer ses opinions favorables ou défavorables au sujet de ces faits et des comportements, sans jamais porter les jugements accusateurs sur nos interlocuteurs. A titre d’exemple, nous pouvons dire que le chiffre d’affaires et de X (un fait) et exprimer notre opinion à ce sujet (nous le trouvons trop faible) sans dire que Monsieur Y est un mauvais commercial (jugement accusateur).
Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs aux futurs « confronteurs » ?
N’ayez pas peur de la confrontation. Souvent c’est un moment crucial pour purifier l’ambiance au travail et clore une période d’instabilité, de sous-entendus et des malentendus. Si la confrontation ne dérape pas en séance d’insultes personnelles, elle vous permettra d’apprendre les choses sur votre « confronteur » et aussi sur le management qui en est responsable. Même si cette discussion est difficile, c’est une communication directe qui est l’occasion de mettre les choses sur la table et parler ouvertement, au lieu de rester dans l’hypocrisie épuisante et les ragots du couloir qui peuvent détruire une relation entre les collègues et plomber le climat dans l’entreprise.