
La sympathie est l’un des vecteurs élémentaires d’une collaboration agréable en entreprise. Pourriez-vous nous éclairer sur ce phénomène ?
C’est vrai qu’au quotidien il est plus facile de collaborer avec les personnes que nous trouvons – subjectivement – sympatiques. Pour savoir comment se fait-il que nous éprouvons de la sympathie pour certains et un peu moins pour les autres, il serait utile de se rappeler que susciter de la sympathie chez son interlocuteur est l’une des puissantes techniques d’influence sociale permettant d’argumenter et de convaincre plus efficacement. Vu sous cet angle, le terme sympathie dépasse la simple signification émotionnelle pour englober d’une manière générale la notion de ressemblance, d’affinité et du relationnel social agréable. Nous apprécions naturellement ceux qui nous ressemblent, que ça soit sur le plan physique ou des idées et des valeurs partagées, des objectifs en commun, du parcours de vie ou professionnel (p.ex. les personnes diplomées de la même école ou ayant vécu les expériences semblables) ou encore de la même origine sociale ou géographique. Nous nous sentons « solidaires ».
Dans le même volet, nous pouvons parler aussi « d’effet d’auréole » qui consiste à ressentir de la sympathie et de l’admiration pour les gens différents de nous, mais auxquels nous aimerions ressembler (p.ex. un manager charismatique qui nous sert de modèle).
Les compliments constituent l’un des canaux les plus importants de la sympathie. Comment peut-on bien les utiliser dans un contexte professionnel ?
Un bon compliment se reconnaît par le réel plaisir qu’il procure à la personne qui l’entend. Or, complimenter ce n’est pas répéter une formule générique dans toutes les situations et à tout le monde pareil. Bien complimenter n’est pas du tout facile.
Tout d’abord, le bon compliment doit être sincère et mérité (p.ex. le travail vraiment exceptionnel), personnalisé (évoquant la contribution d’une personne ou d’une équipe en particulier), mesuré et adapté (en termes adéquats au contexte) et proactif (exprimé spontanément).
Ici, le phénomène de sympathie réflète (sic!) « l’effet miroir » : nous aimons ceux qui nous aiment. Autant montrer l’initiative à l’aide d’un bon compliment calibré. Il faut dire que cet exercice s’avère assez difficile dans une société ou l’arrogance est souvent considérée comme un signe de la supériorité sociale et professionnelle.
Outre les compliments, pourriez-vous partager avec nous d’autres techniques qui permettent de devenir sympathique au travail et gagner la confiance de ses collaborateurs ?
Je pense que c’est surtout un trait de caractère et un savoir-être, réflété au-delà des paroles, par la gestuelle, le regard et le sourire. Pour être apprécié au travail, il y a pourtant quelques règles simples dont la politesse quodidienne, l’assiduité, l’écoute et la bonne communication figurent en première ligne. S’intéresser aux autres d’une manière bienveillante et sans la curiosité déplacée ou excessive sont aussi des atouts, comme p. ex. se rappeler d’un anniversaire ou des préférences culinaires d’un collègue.
Vos conseils pour des relations efficaces en entreprise.
Attention, ça ne sert à rien de vouloir être sympatique à tout prix et en toute circonstance, on ne plaira jamais à tout le monde, et en plus on peut tomber dans le piège de l’hypocrisie ou du déni de ses propres valeurs. En plus, si un chef trouve des affinités avec certains et pas avec les autres, il est également exposé au risque de la prise de décision émotionnelle et non objective dans l’exercice de ses fonctions.
Le plus important pour créer et maintenir des bonnes relations au travail est la posture humaine et équilibrée à long terme. De temps en temps chaque personne peut avoir une mauvaise journée, un dossier épineux à traiter ou un désaccord (pour ne pas dire un conflit) avec quelqu’un. C’est naturel. Ce qui va différencier une personne efficace, c’est sa bonne manière de gérer ces situations délicates qui va s’inscrire dans la mémoire des collaborateurs et constituer, petit à petit, sa bonne réputation dans la durée.
Malgorzata Saadani