Les convictions limitantes
Quel est l’impact des convictions limitantes sur la vie professionnelle ?
Les convictions limitantes ont un grand impact négatif, aussi bien sur la vie personnelle que professionnelle. La puissance de ces pensées est d’autant plus forte qu’une fois installées, elles sont considérées par le cerveau comme étant vraies et exactes, même si – objectivement – ce n’est pas le cas. Une forte conviction limitante peut inhiber l’initiative et empêcher d’agir (« Ce projet est voué à l’échec », « Je n’y arriverai jamais »), faire prononcer des jugements injustes envers les gens (« Il est incapable de faire ça ») ou carrément pousser la personne à devenir son propre pire critique et ennemi (« Je n’ai pas de chance », « C’est toujours à moi que cela arrive » ou encore « Je suis détesté »)
Bien entendu, il faut faire la différence entre une autocritique saine qui est une remise en question visant l’amélioration grâce à l’analyse d’erreurs ou des faiblesses afin de mettre en place une stratégie d’action pour y remédier, et les affirmations négativistes qui tirent vers le bas, dépriment et n’apportent pas de solutions.
Peut-on faire de l’auto-coaching pour s’en débarrasser ou faut-il impérativement recourir à un spécialiste ?
On peut toujours tenter de faire de l’auto-coaching, pour n’importe quel problème. Toutefois, la grande différence avec le travail accompagné sera la rapidité résultante de la pertinence d’un regard extérieur et du feedback professionnel. Dans la cas particulier des convictions limitantes cet accompagnement paraît justifié, voire indispensable à cause de la nature du défi à relever. A part les individus dotés des facultés exceptionnelles d’objectivité et de capacité de dédoublement des points de vue – il est très difficile d’être seul face à soi-même en train de remédier aux difficultés perçues subjectivement comme étant insurmontables. Pour toutes ces raisons, rares sont les personnes capables de faire face seules à leurs propres convictions limitantes.
En quoi consiste le travail du coach dans ce sens ?
Le travail du coach se déroule en plusieurs étapes. Premièrement, faire transformer et verbaliser par le coaché son problème en objectif, ce qui est crucial pour la suite de la réflexion. Ensuite, revoir la situation d’un point de vue détaché du contexte et constater la faisabilité de l’objectif dans l’absolu (Possibility), revenir vers le contexte du coaché et détailler cette même faisabilité et ses entraves actuelles (Availability) et enfin questionner le coaché sur ses motivations à confronter la situation (Worthiness) : est-ce que le changement visé vaut – subjectivement – tous les efforts, sacrifices et toute l’énergie déployée pour le réaliser ?
Ces grandes étapes paraissent très simples à dire, mais elles exigent beaucoup de force, de détermination et parfois de temps à être mises en place. En plus, comme les convictions limitantes sont installées depuis des mois et des années, une seule action réussie ne donne pas la garantie que toutes les autres vont suivre. C’est souvent quelques pas en avant et – de temps en temps – un pas en arrière.
Vos conseils.
Tout en étant convaincue de la priorité donnée à l’effort autonome en premier lieu, je pense que dans le cas du travail sur les convictions limitantes l’accompagnement est fortement conseillé parce qu’il va s’attaquer aux mécanismes de pensée profondément ancrés. Lorsque la personne se trouve dans une spirale descendante d’un cercle vicieux, elle a besoin d’une aide extérieure professionnelle pour casser cette tendance et la remplacer par la dynamique du cercle vertueux, suivie des actions.
La bonne nouvelle pour tous ceux qui souffrent des convictions limitantes, ce qu’elles sont vraiment possibles à changer, comme toutes les autres convictions d’ailleurs. Par contre, ce qui ne change pas ce sont les valeurs qui nous guident dans la vie, il est donc primordial de faire la différence entre ces deux notions et le travail de coaching va également dans ce sens.
Malgorzata Saadani